Le bonheur: comme un reflet insaisissable ?

Jonathan 

Avez-vous déjà entendu parler de la "novembrose" ? Cette "déprime de novembre" apparait chaque année, particulièrement chez les étudiants en médecine. Les nuits plus longues, les jours plus gris et plus froids, la fatigue qui s'accumule, les partiels qui approchent, beaucoup de carabins se sentent angoissés et stressés. Et pas seulement eux ! Beaucoup se demandent "il est où le bonheur", "il est quand le bonheur" ? Que puis-je faire pour être plus heureux ? Pourrais-je "fabriquer" moi-même mon propre bonheur ? C'est une question pratique autant qu'une question philosophique !

L'expérience d'un spécialiste

La Bible décrit l'expérience d'un expert de la question du bonheur: Qohéleth, l'Ecclésiaste. Il a passé une bonne partie de sa vie à chercher le bonheur. Mais aucune tentative n'a réussi. Toujours le même constat: ce n'était que fumée et poursuite du vent... Pas très encourageant d'entendre ça !
Et pourtant, il a tout testé, et au-delà de ce que vous et moi pourrions espérer. Pour vous en convaincre, (re)lisez Ecclésiaste chapitre 2. Il a essayé la sagesse, le rire, les plaisirs de la table, le sexe, le luxe, l'entrepreneuriat. Et tout ça au plus haut niveau accessible à un humain. Un temps, certaines de ces choses ont marché. Un temps. Mais c'était un bonheur de courte durée, qui a fini par lui échapper. Alors que faire ? Le bonheur est-il inaccessible ? La novembrose toute l'année, toute la vie ?

Un paradoxe ?

À la fin de sa vie, Qohéleth arrive à une conclusion très pratique, et finalement très positive: "Le seul bonheur des humains est de manger, de boire et de jouir des résultats de leur travail.

J’ai constaté que c’est Dieu qui leur offre ce bonheur, car personne ne peut manger ni éprouver du plaisir si Dieu ne le lui accorde pas" (Eccl 2:24). La première partie de cette affirmation semble paradoxale: le Sage ne vient-il pas justement de dire qu'il n'a pas trouvé le bonheur dans le travail, la nourriture, le vin ou son salaire ? C'est la deuxième partie qui éclaire le tout: "c'est Dieu qui leur offre ce bonheur": sans Dieu, pas de bonheur vrai !

L'illusion du contrôle

Dans la première partie de Eccl. 2, Dieu est absent. Rien n'apporte un bonheur durable. Vouloir créer ou contrôler soi-même son propre bonheur est une impasse. Dans les versets 24-25, au contraire, c'est Dieu qui est au centre, c'est Dieu qui est l'auteur des bonheurs simples, qui sont beaucoup plus réels et authentiques.
D'ailleurs, l'auteur des Lamentations - un expert des situations de tristesse - rappelle que les bontés et les
compassions de Dieu se renouvellent chaque jour (Lam. 3:22-25). Comment trouver le bonheur ? Qohéleth nous dit que, si nous cherchons à créer, à attraper notre bonheur, il nous échappera. Comme cet enfant qui doit apprendre qu'il ne peut pas contrôler un reflet dans l'eau: dès que ses doigts toucheront l'eau pour l'attraper, tout sera déformé, gâché, perdu. Au contraire, si nous laissons
le contrôle à Dieu, s'Il est au centre de nos vies, Il nous donnera lui-même ce dont nous avons besoin (Lc 12:31) et même ce qui nous rendra heureux, avec plein de nuances et de diversité (Eccl 2:26). Nous pourrons simplement admirer ces choses comme le reflet imparfait de ce qui attend les enfants de Dieu dans Son éternité.

Du contrôle au cadeau

Que ce mois de novembre soit pour chacun de nous un mois de grâce et de joie ! Au delà du gris et du froid, des incertitudes politiques ou sociales, au delà de ce que nous ne pouvons pas contrôler, que nous puissions accueillir et nous réjouir de tous les signes simples de la bonté de Dieu, même dans ces circonstances ! Cela nous préparera à nous rappeler le plus grand des cadeaux de Dieu - son Fils Unique venu parmi les hommes pour porter notre péché et nous accorder Son pardon. Mais ça, ce sera pour décembre😉 . D'ici là, que Dieu vous bénisse !

Cette méditation est en partie inspirée d'une intervention de Paul Harrison lors de la Convention de notre association d'église en juillet dernier.